Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche du Sénégal,
Monsieur le Ministre de l’Education Nationale de
Roumanie,
Mesdames
et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs
les Consuls Honoraires de la Roumanie,
Mesdames
et Messieurs les représentants des institutions sénégalaises et
internationales,
Chers
collègues roumains et sénégalais de l’Ambassade,
Dragi
compatrioţi,
Nous célébrons le 1er Décembre la Fête
Nationale de la Roumanie, le 96ème anniversaire de la Grande Union
de tous les territoires roumains dans un Etat uni et indépendant, dans un
contexte local et international tout à fait spécial : le Sénégal accueille
cette semaine le XVème Sommet de la Francophonie, grande fête de la communauté
francophone internationale, mais aussi un moment très important de réflexion et
de décision dans un contexte contemporain trouble, avec des défis redoutables,
avec des crises politiques, humanitaires, sanitaires en Afrique, au Moyen
Orient, en Europe.
C’est néanmoins une double fête qui nous réunit aujourd’hui et je vous remercie toutes et tous d’avoir accepté notre invitation
de nous joindre dans ce moment de joie et de partage, d’autant plus que nous
avons tous un agenda si chargé à cette période de l’année.
Pour la Roumanie et les Roumains, le français n’a jamais
été une langue étrangère. En nous inspirant le code juridique au début du
XIXème siècle, en nous insufflant l’espoir de l’émancipation et de la liberté
en 1848, en nous accompagnant dans l’effort de construction de l’Etat moderne
mais aussi en accueillant les grands esprit de la culture roumaine entre les
deux guerres et surtout après 1945, la langue française a toujours été pour les
Roumain lieu d’accueil, espace de liberté et d’épanouissement.
Emile Cioran, ce grand écrivain d’origine roumaine a pu
dire un jour que « ma patrie n’est pas un pays, ma patrie est la langue
roumaine ». En élargissant le sens de cette belle affirmation, je pense
qu’elle est plus actuelle que jamais : notre pays, nous le transportons
dans les valises de notre langue. Notre maison cesse d’être un lieu fixe pour
devenir une trajectoire, un mouvement continu entre des endroits où nous nous
arrêtons temporairement juste pour aller plus loin, encore plus loin. Et
lorsque nous devenons des nomades, des voyageurs pour lesquels aucune
destination n’est définitive, nous avons besoin de nous retrouver dans des
lieux d’hospitalité et qui ne sont pas forcément des lieux géographiques ;
des lieux que nous pouvons emporter avec nous partout dans le monde.
Et un tel lieu d’hospitalité est pour nous la langue
française. Réfugiés, exilés, émigrants, étudiants, enseignants, voyageurs,
diplomates, la langue française a eu la générosité de les accueillir tous, de
leur offrir un abri, de leur reconstruire un pays d’adoption. Et tous ses
nomades ont su, à leur tour, la récompenser, par leurs créations, par leurs
contributions stylistiques, par leurs sonorités, en enrichissant ainsi une
langue qui est sans doute aujourd’hui plus d’un simple moyen de communication.